Meetup avec Cécile André : L’évolution d’une photographe à travers ses voyages et ses rencontres artistiques
- Flora di Carlo
- 8 déc. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 déc. 2024
Mise au point
Photographe engagée, Cécile André explore à travers son objectif l’essence de la féminité et les émotions humaines. Son parcours est marqué par une quête constante de l'esthétique, de la lumière et de l'authenticité dans ses portraits de femmes. Elle partage avec nous son évolution artistique, depuis ses débuts en argentique jusqu’à ses voyages marquants, notamment au Japon, qui ont façonné son approche du portrait. Cette interview plonge dans son processus créatif et ses projets à venir, mêlant rencontres humaines et exploration de soi.

Flora di Carlo : Comment as-tu découvert ton style photographique et comment penses-tu qu’il a évolué au fil des années ?
Cécile André : Au début, je faisais beaucoup de portraits spontanés, notamment de mes amies. Mais au fil du temps, j’ai trouvé ce qui me plaisait réellement : immortaliser et sublimer les femmes à travers une lumière particulière et des compositions très esthétiques. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à travailler en studio, car je trouvais difficile de saisir le moment parfait dans les scènes de la vie quotidienne.
En fait, mon parcours a commencé par des portraits spontanés, et, au bout de plusieurs années de pratique, j’ai compris que ce que je voulais vraiment raconter, c’était la féminité, tout en conservant une recherche esthétique forte, que ce soit par la lumière, les cadrages ou le choix des décors.

Flora di Carlo : Quand as-tu véritablement commencé à explorer la photographie ?
Cécile André : J'ai fait des études de graphisme et obtenu mon diplôme en 2011. La photographie est rapidement devenue mon moyen d’expression privilégié. J’ai débuté avec des appareils argentiques que mon père, journaliste, m’avait transmis. À cette époque, bien que le numérique soit en plein essor, je trouvais que l’argentique captait mieux la réalité, même si cela demandait davantage de temps et de maîtrise technique.

Flora di Carlo : Comment ton parcours artistique a-t-il pris forme par la suite ?
Cécile André : En 2017, j'ai quitté mon emploi de graphiste pour me consacrer pleinement à la photographie, sans avoir initialement l’intention d’en faire ma profession principale. Mais au fil du temps, j’ai réalisé que je ne me retrouvais plus dans le graphisme et que la photographie était ma véritable vocation. J’ai donc investi dans un appareil numérique pour répondre aux commandes, tout en continuant à développer une approche artistique à travers mes projets personnels.

Flora di Carlo : Tu as mentionné que le confinement de 2020 a été une période de réflexion pour toi. Comment cela a-t-il influencé ta pratique ?
Cécile André : Le confinement m’a permis de me recentrer sur ce que je voulais vraiment raconter. J’ai commencé à créer des séries plus construites, en mettant en valeur la diversité des corps et en adoptant l'approche plus inclusive du "female gaze". J'ai nottament rencontré Reine, une jeune femme atteinte d'albinisme, avec qui j’ai réalisé une série marquante. C’était une rencontre significative car elle avait beaucoup à partager sur son vécu. J’ai tenté de traduire son histoire à travers mes images, ce qui leur donne une intensité particulière.

Flora di Carlo : Peux-tu nous parler de ta série au Japon et de ce qui t’a inspirée pour ce projet ?
Cécile André : Le Japon a toujours été une source d'inspiration majeure pour moi, surtout d'un point de vue cinématographique. J’ai été particulièrement inspiré par l’univers onirique du film The Taste of Tea, avec ses couleurs pastel qui apportent aux scènes une douceur nostalgique. Lost in Translation de Sofia Coppola m’a également marqué par son approche minimaliste et intimiste, imprégnée d’une mélancolie lumineuse. Ces deux films ont en commun la capacité à illustrer le monde intérieur et les rêves de leurs personnages.
C’est donc logiquement que, lorsque j'y suis allée au printemps 2024 pour un voyage de 3 semaines,j’ai travaillé à capturer l’essence poétique du pays.
Et, de part mes rencontres, J’ai choisi d’explorer la période de l’adolescence. J’ai imaginé des images douces qui explorent la transition entre l’enfance et l’âge adulte. L’intimité et la construction de soi étant des thèmes récurrents dans mon travail.

Flora di Carlo : Cette expérience t'a-t-elle donné envie de poursuivre des projets similaires ailleurs ?
Cécile André : Oui, j’ai récemment fait un repérage, pour une nouvelle série, en Angleterre, dans une ville imprégnée d’une atmosphère oscillant entre rêve et cauchemars,
avec des personnages très singuliers. Je prévois d’y retourner pour continuer mon travail, car j’aimerai à présent me concentrer sur l’aspect documentaire afin de construire une série photographique imprégnée par le réel.

Cécile André continue d’explorer son art à travers ses voyages et collaborations, en cherchant toujours à donner une voix à ses sujets. Entre l’introspection personnelle et les rencontres humaines,elle crée des œuvres photographiques qui racontent des histoires avec sensibilité et authenticité. La photographe exposera sa série : Hasami no himitsu à l'Atelier de l'argentique en 2025.